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Réformes de l'éducation : de quoi avons-nous besoin?

Ne gardons pas le mystère plus longtemps... tadam...   

 

Nous avons besoin de temps, de confiance et de sérénité !

 

(Ah oui, là on est donc bien loin des EPI-Enseignements Pratiques Pluridisciplinaires-, de l'AP -Accompagnement Personnalisé- tel qu'il est proposé, de la LV2 pour tous en 5ème, de la suppression des options dans leur forme actuelle. De toutes ces fadaises qui sont à côté de la plaque des réels besoin en collège !)

 

Oui, nous avons besoin de temps : nous avons trop peu d'heures en français, math et histoire-géograhie pour mener à bien notre tâche qui est de transmettre un savoir précieux qui nous a été inculqué. Au primaire, 72 heures de cous par semaine ont été supprimées pour les élèves bons et moyens suite à la réforme Darcos et n'ont pas été recréées par la réforme Peillon : comment bien apprendre avec toujours moins d'heures pour le faire ? Les EPI et l'AP au collège vont phagocyter des heures d'enseignement disciplinaire, alors qu'au Québec, ce système a contribué à faire baisser le niveau en mathématiques et en orthographe et a contribué à accentuer les inégalités entre élèves : sommes-nous plus forts que ceux qui se sont déjà cassé les dents sur ces pratiques ?

 

Oui, nous avons besoin de confiance, nous sommes des professionnels de l'enseignement, au contact tous les jours avec des jeunes parfois en grande difficulté. Nous faisons au mieux malgré tous les bâtons dans les roues que notre administration se permet de nous mettre régulièrement (idéologie du socle, des compétences, primauté de l'interdisciplinarité sur le disciplinaire, suppression des redoublements sans mise en place d'un système permettant réellement de prendre en charge les difficultés des élèves, orientation choisie par l'élève au détriment de ses capacités réelles, dévalorisation de la filière professionnelle qui est un maillon essentiel de la chaîne de l'orientation, suppression des options qui marchent et qui concernent les élèves de tous niveaux sociaux...). Au lieu de nous pointer du doigt comme les seuls responsables de l'échec relatif du collège (oui, échec relatif : nos élèves très bons font partie des meilleurs d'Europe, mais ça on ne préfère pas trop le crier sur les toits), nous avons besoin d'un ministre qui nous soutienne, qui remette à sa place des fédérations de parents d'élèves qui se piquent de pédagogie alors qu'elles devraient commencer par imposer des bonnes pratiques d'éducation parentale (non, l'ordinateur avec accès à internet dans la chambre en Ce2 ce n'est pas une bonne idée ; non, laisser un ado avoir son portable dans sa chambre passé 22 heures ce n'est pas une bonne idée!). Nous avons besoin d'un ministre qui dise clairement qu'avec les moyens qui nous sont proposés (classes trop chargées, niveaux trop hétérogènes, heures de travail trop importantes, salaire trop bas), nous sommes méritants et nous devons être entendus. La confiance est essentielle, c'est elle qui fait que nos élèves, leurs parents nous suivront, nous respecteront ou nous dénigreront.

 

Oui, nous avons besoin de sérénité. Malgré les discours délirants qui disent qu'il est impossible de réformer l'éducation, les réformes et les circulaires contradictoires se multiplient :

 

  • grande réforme des lycées en 2008-2009 qui a durablement affaibli la structure des enseignements (en lycée professionnel on a même supprimé une année entière d'enseignement pour des motifs d'égalité de traitement avec les élèves des filières générales ! On multiplie les CCF qui évitent de voir la réalité en face. Et c'est la droite qui a pondu cette scandaleuse réforme!)

  • réforme des rythmes scolaires en primaire et maternelle de 2012 : M. Peillon au lieu de s'occuper des périmètres de son ministère (l'éducation, l'enseignement, les enseignants, le temps scolaire) s'est pris pour le ministre des communes et du péri-scolaire, dévolu aux municipalités. Résultat, des moyens importants ont été engloutis pour financer le fameux fonds d'amorçage nécessaire à l'embauche d'animateurs notamment. Autant de moyens qui n'ont pas été mis à la disposition des élèves PENDANT leur temps scolaire ! Et le niveau n'a cessé de se dégrader. Et c'est la gauche qui a fait ce choix dramatique...

  • réforme des collèges pour 2016 : on apprendra moins de choses aux élèves, et moins bien. On supprime ce qui fonctionne, on fait passer les enseignants pour des irresponsables qui ne cherchent qu'à faire échouer un maximum d'élèves. On supprime les sections Segpa en 6ème : des élèves suivis spécifiquement pour leurs difficultés par des professeurs des écoles spécialisés seront laissés pour compte dans des classes où ils ne pourront pas suivre ce qui leur sera proposé ! On l'a déjà dit, cette réforme casse ce qui marche...

  • Je ne parle même pas des circulaires régulièrement envoyées aux établissements ou des expérimentations que l'on n'évaluera jamais sérieusement avant de les généraliser. Citons tout de même la création puis la suppression des notes de vie scolaire (leur mise en place a nécessité concertation, recadrages, remise en questions...), l'épreuve d'Histoire des Arts (mise en place à la hâte, sans former qui que ce soit, en laissant les établissements faire pratiquement ce que bon leur semble), l'expérimentation des LV2 en 5ème dans certaines académies (dont le bilan est plus que mitigé mais qui va donner lieu à une généralisation pour tuer (oui, tuer) les classes bilangues et autres sections européennes qui ont le tort de fonctionner encore), les expérimentations de classes sans note qui ne changent pas grand chose finalement (l'évaluation n'est pas le souci premier, ce sont les difficultés des élèves toujours plus croissantes qui constituent les racines du mal), les IDD (Itinéraires de Découvertes) proches des EPI et que l'on s'est empressé d'abandonner tellement ils n'apportaient rien aux élèves décrochés, les programmes ont été revus en 1996, 2002 , 2008, on a à peine le temps de les mettre en place, d'en comprendre la philosophie qu'il faut tout changer. Et dire qu'en 2016 il faudra changer les programmes de tous les niveaux d'un coup (chose qui ne s'est jamais vue jusqu'à présent). Sur ces nouveaux programmes proposés, je ferai un article qui leur sera dédié tant il y a de choses à dire.

    Vous en conviendrez, la liste des changements, des réformes et réformettes est pléthorique et se limite à seulement quelques exemples ici. Ajoutons la suppression dès septembre 2015 des heures d'Accompagnement Educatif dans tous les collèges qui ne sont pas en REP et vous avez un tableau assez complet de la catastrophe à venir (ces heures servaient à financer l'aide aux devoirs le soir, un enseignant pour très peu d'élèves!, et les heures de club entre midi et deux (théâtre, jeux de société, photo...) : alors que la pause méridienne sera allongée, les élèves ne pourront rien faire!). Cette suppression de moyens est absolument scandaleuse.    

    L'éducation souffre non pas de manque de réforme mais de trop de réformes contradictoires qui s’escriment à passer à côté des vraies solutions (est-ce parce que l'on consulte toujours les mêmes pseudo-spécialistes qui n'ont pas vu un élève ou une classe en vrai depuis des lustres ? Je vous laisse juges...). Impossible de travailler sereinement avec ces changements frénétiques

 

Aujourd'hui, mardi 19 mai 2015, nous manifestons pour montrer notre désaccord avec CETTE réforme, car elle n'arrangera rien (parole de professionnel de l'enseignement) et que tout prête à croire qu'elle empirera la situation.

 

Mais pour autant, nous condamnons tout autant l'immobilisme coupable (qui n'existe d'ailleurs que par mauvaise foi dans le débat actuel : personne ne demande à ne rien changer!) que l'égalitarisme niveleur et nous demandons une autre réforme.

 

Cette réforme devra s'appuyer sur ces principes simples :

 

  • moins d'élèves par classe, davantage de demi-groupes et de groupes à effectif très réduits selon les besoins dictés par l'enseignant (l'adulte responsable le mieux à même de les constituer) ;

  • un réseau d'enseignants spécialisés dans les difficultés scolaires pour nous épauler dès la 6ème, et qui prendrait le relais des Rased du primaire (qui, de manière peu rationnelle cesse d'épauler les élèves à partir de la 6ème) ;

  • l'accent mis en CP-Ce1-Ce2 où beaucoup de la scolarité se joue : les professeurs des écoles doivent apprendre les bases du lire-écrire-compter-comprendre dans des classes à très faible effectif pour pouvoir aider ceux qui en ont besoin, ils ont besoin de temps, de confiance et de sérénité ;

  • un plan d'urgence pour recruter les meilleurs étudiants et en faire des professeurs compétents prêts à relever les défis de l'enseignement en France au XXIème siècle.

 

En conclusion c'est bien de temps, de confiance et de sérénité dont nous avons besoin. C'est à ce prix que nous pourrons tenter d'améliorer la situation.

 

 

 



 

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